Conférence-débat Les « pieds-noirs »

Quelles réalités sociales et politiques
dans la France d’aujourd’hui ?
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vendredi 22 mars 2024, 18h
Hôtel de ville d’Avignon – place de l’Horloge

Salle de l’antichambre

Avec
Emmanuelle COMTA
Enseignante-chercheuse à l’Université de Grenoble,
spécialiste de l’histoire des pieds-noirs, a notamment étudié l’impact de la guerre d’Algérie sur les opinions politiques des rapatriés.
« Mémoires politiques en transmission chez les descendants de pieds-noirs »

Eric SAVARESE
Professeur de science politique à l’Université de Montpellier,
spécialiste de la citoyenneté envisagée dans le contexte colonial,
a notamment analysé la diversité des recompositions identitaires
des pieds-noirs.
« De la mémoire au politique : retour sur l’invention des pieds-noirs »

Aujourd’hui, plus de soixante ans après l’indépendance, beaucoup de Français et de Françaises gardent des liens particuliers avec l’Algérie, de par son histoire coloniale, mais aussi et surtout par des mémoires demeurées vives et souvent douloureuses. Ces dernières font d’ailleurs l’objet de concurrence, parfois acharnée, entre groupes mémoriels développant souvent des narrations marquées par la douleur et le ressentiment, suivies d’exigences mémorielles qui leur sont propres dans un contexte politique propice à leur manipulation et à leur détournement.

Nous avons identifié cinq grands groupes porteurs de cette mémoire : les appelés, les immigré.e.s algérien.ne.s, les pieds-noirs, les juifs et les harkis. Les deux premiers ont déjà été évoqués en 2023. Pour cette troisième étape, avant celles des juifs et des harkis qui seront traitées ultérieurement, nous aborderons la question de celles et ceux qu’on appelle communément les pieds-noirs. Ceux-ci représentaient au moment de l’indépendance de l’Algérie près d’un million d’européens d’origines diverses, y vivant et y travaillant depuis des générations. Et contrairement aux stéréotypes et aux lieux communs, ils n’étaient pas tous de riches colons propriétaires de grands domaines coloniaux. La plupart vivaient dans les centres urbains du nord et avaient un niveau de vie inférieur à celui des habitants de la métropole.

En 1962 la France, mère-patrie longtemps virtuelle, découvre dans une grande confusion celles et ceux qui ont vécu dans l’Algérie coloniale et qui en ont été profondément marqué.e.s. Des individus et des familles qui seront nommés officiellement des « rapatriés d’Algérie » et plus couramment des « pieds-noirs ».

Pour nombre d’entre eux, ceci est vécu comme une déchirure mémorielle qui ne s’est jamais vraiment cicatrisée, même si elle s’est atténuée avec l’arrivée de nouvelles générations. En privilégiant un questionnement sur la contemporanéité du passé et l’actualité de ses empreintes, sur la ténacité, parfois discrète, des survivances et de leurs détournements, nous nous interrogerons sur ce qui reste de l’Algérie coloniale dans les récits de ces actrices et acteurs. Quels usages en sont-ils faits ? Comment ce passé et ces mémoires se transmettent-ils ? Comment la colonisation et la guerre d’indépendance continuent-elles d’être interprétées et de résonner dans ces milieux autant qu’au sein de la société française dans son ensemble ?